L’EmbrunMan de Raphaël
EmbrunMan … le rêve
Dans la tête depuis 25 ans … avorté en 2014 pour cause de blessure … cette fois toute la préparation se passe bien alors je m’inscris le 30 juin.
EmbrunMan … le mythe
Beaucoup de finishers me parleront de cette épreuve : difficulté, gestion, alimentation, météo, logistique, parcours difficile, beaucoup d’abandon… c’est l’EmbrunMan ! Et quand on arrive à Embrun, les affiches l’annoncent clairement : le triathlon le plus dur au monde…Bref de quoi mettre la pression et se poser plein de questions !
EmbunMan … la réalité
Embrun, la météo est mitigée ici depuis plusieurs jours… c’est ma hantise, que le temps soit à la pluie. Mardi 14 aout, dépôt du vélo et briefing…alors que le stress était bien fort, d’un coup quasi plus rien ! Le briefing m’a soulagé de pas mal de questions, et à part la peur d’un souci en vélo, dans ma tête je sais que j’y arriverai même si je termine dernier…maintenant il n’y a plus qu’à… et cerise sur le gâteau, la météo s’annonce excellente !
La nuit aura été étonnamment bonne. 3h10, le réveil, petit déjeuner complet. Je termine de préparer les bidons et 4h30, j’arrive au plan d’eau. Il fait nuit, il y a déjà du monde, ça rigole, ça dort, ça se concentre…il y a de tout. Mais l’ambiance est plutôt bon enfant. Je me prépare doucement. 5h15 je mets la combi car je veux aller prendre la température de l’eau. Annoncée à 20°, quand je plonge dans la zone d’échauffement, elle me paraît bien froide ! D’ailleurs je ne parviendrai pas à me réchauffer avant le départ…
5h50 départ des féminines…ça y est, l’ambiance monte ! Je suis sur l’EmbrunMan !
5h55, il fait toujours nuit, nous sommes sur la plage. Je me place au-devant et sur le côté, afin d’éviter, je l’espère, la fameuse machine à laver. Le décompte arrive, 10…Pan, c’est parti…
C’est parti pour MA grande journée ! Placé impeccablement, je fais ma place sans être trop gêné. En quelques mètre je pose ma nage. La nuit et le manque de visibilité que j’appréhendais, ne me dérangent pas. Je suis très content, tout se passe bien, je nage tranquillement, relève la tête pour repérer les lumières qui nous guident et je me mets en mode croisière. Le premier tour, le peloton s’étire, je double tranquillement quelques concurrents. Attaque du deuxième tour, cette fois nous ne sommes plus très nombreux, plus besoin d’être vigilant sur les voisins, juste sur les bouées. Le jour se lève sur les montagnes et là c’est juste magnifique. Le ciel est bleu et la luminosité est incroyable, je nage un peu en brasse pour profiter du spectacle. Sur la fin du deuxième tour la brume se lève sur la surface du lac…Magnifique ! Tranquillement je rejoins l’arrivée, je regarde autour de moi, nous ne sommes pas nombreux, mais de l’autre coté il y en a qui commence tout juste la deuxième boucle. Enfin j’arrive, je me relève et je regarde la montre. J’espèrais faire 1h10…et là surprise moins d’1h03 (sorti dans les 100 premiers). Dingue !
Transition, mauvaise surprise, sur le tapis, il y a des bosses et des souches. Et à 5 mètres de ma caisse je me tape le pied sur une souche et m’éclate un orteil. Aïe Aïe…allez on verra. Je m’habille, mange et je m’équipe pour le vélo. C’est parti pour les 188km de vélo.
Le parcours monte tout de suite sur les hauteurs d’Embrun. Je ne pars pas trop vite. Ça monte sur plus de 10km, alors doucement. Comme prévu, je me fais doubler par quelques concurrents mais à ma surprise pas tant que cela. Je monte à mon rythme : le but de la journée, ne pas se cramer ! Je profite des points de vue exceptionnels sur le Grand Morgon et sur le Lac de Serre-Ponçon et avec le soleil qui se lève, c’était magnifique.
J’ai fortement lutté pour ne pas m’arrêter et prendre des photos…mais je filme quand même, bah oui j’ai pris la petite caméra de sport pour immortaliser cette journée. Premier ravito, puis descente vers Savignes et retour sur Embrun. Je regarde le chrono et surprise encore, je vais plus vite que prévu… vais-je trop vite ? Non, je n’ai pas l’impression de forcer. Ensuite Baratier, St André d’Embrun, direction Guillestre par les balcons de la Durance. Je roule bien, la moyenne est bonne, je me fais doubler, mais je double aussi.
Mont Dauphin est en vue, ça y est j’arrive à Guillestre. Le monstre arrive… Je remonte les gorges de l’Izoard, toujours aussi beau ! Mais à l’ombre, il fait froid… J’arrive enfin au pied du col de l’Izoard et c’est parti pour 14km de montée. Et là ça va faire mal… je monte à mon rythme, toujours pour ne pas me mettre dans le rouge. Je bois, je mange, et je pédale… mais je n’avance pas !! Je ne sais vraiment pas faire du vélo en côte… Cette fois je me fais doubler, mais je ne double pas… Je regarde la montre, j’avais de l’avance sur mes prévisions en bas du col, le doute d’installe. Des pentes à 8 / 9%, c’est dur, c’est long, il fait chaud… mais je tiens bon ! Je suis sur l’Embruman ! 8 mois de préparation et de sacrifice, et comme le disent les supporteurs, je ne dois pas lâcher. D’ailleurs je n’aurai jamais vu autant de spectateurs sur une course ! (Sauf peut être sur une étape du tour de France à la TV).
L’Izoard est en approche…je le vois, mais je vois aussi les 4 derniers virages…c’est haut… allez après c’est plus tranquille (enfin si on veut) ! Arrivé au col, je regarde ma moyenne et ma montre, j’ai perdu beaucoup de temps et de place, mais je relativise, j’arrive à 30’ d’avance sur ma prévision. Maintenant, c’est gros ravito, celui de l’organisation (au top) et le mien. J’en profite, je m’arrête et je mange. Galette de maïs, jambon, St Morêt… ça fait du bien du salé ! Je me restaure, je me recharge en barre et bidons et surtout je m’habille plus chaudement. Il fait bon, mais la descente risque d’être fraiche. Et c’est parti, descente de fou jusque Briançon. La descente est très technique, mais je veux rattraper un peu de temps perdu. Briançon tout est ok. Mais mauvaise surprise sur le retour, le vent s’est levé, il est très fort et de face, il va falloir faire avec jusque Embrun. Donc maintenant, tête dans le guidon. Je passe Les Vigneaux, Argentière jusqu’ au pied de la deuxième grosse difficulté : le mur de Pallon. Une belle côte où je perdrais encore du temps… mais je prends mon mal en patience, car tout le reste va pour le mieux ! Redescente jusque St crépin puis retour vers St Clément et à nouveau les balcons de la Durance. Cette fois tout le monde commence a accusé le coup des kilomètres. Ça ne roule plus si vite. Nous arrivons en vue d’Embrun, cette portion de quelques kilomètres m’aura paru longue…Enfin j’arrive au pied du Roc, et je sais que là, il reste la dernière difficulté. La côte de Chalvet, 10% sur 6km. J’en ai entendu beaucoup parler, tellement parler…et coup de chance la location se situe dans cette montée. Donc tout cela fera que cette dernière côte n’aura pas été un calvaire comme annoncé par tout le monde. Mais dans la tête, c’est la fête, j’arrive à la fin sans problème sur le vélo (à part mon orteil qui me fait mal). Enfin j’arrive en haut de Chalvet et là je me lâche, il reste 5 km et je descends à fond, je suis euphorique ! C’est la fin de la partie que je redoutais le plus ! 8h35 de selle.
Transition 2
Grosse question, vais-je pouvoir courir avec mon orteil…
Je pose le vélo, on me propose de me faire masser…je réfléchis et j’accepte, je ne suis pas là pour un chrono, alors autant en profiter ! Pendant que le masseur me refait une santé, je me change et me restaure encore une fois, je mange, je bois…9 minutes mais je repars avec des jambes toutes neuves. Quel bien ce massage !!!
Marathon…
Dans la tête, le plus dur est passé, je serai finisher, même si je dois finir à genou ! Je prends un rythme tranquille, toujours dans l’objectif de gérer.
Le premier tour se passe bien et mon orteil, qui me fait mal, ne m’empêche pas de courir. Je m’alimente bien, je bois régulièrement. Je suis content d’avoir embarquer mon sac de trail toute la journée, je n’ai jamais manqué de rien et il m’a bien servi. Je cours, je trottine, même dans les montées et même dans la cote chamois.
Sur ce premier tour, il fait chaud, très très chaud ! Heureusement qu’il y a les éponges, j’en prendrais régulièrement.
J’attaque ensuite le deuxième tour, toujours en courant, mais cette fois je ferais toutes les côtes en marchant. Toujours dans la gestion de l’effort, on ne sait jamais… La température baisse doucement et le nombre de concurrents diminue aussi. Le deuxième tour me paraît plus long, mais ça passe quand même. Sur le visage, la fatigue se fait sentir, mais dans la tête, un seul objectif : finir !
Troisième et dernier tour. Une petite larme me monte aux yeux… Ça y est la prochaine fois que je passe, je serai finisher !
Il commence à faire bon pour courir, mais le soleil se couche et l’obscurité apparaît peu à peu. Vu mes temps de passage je rêve d’un chrono proche des 15h20 mais c’était sans compter l’arrivée de la nuit. La nuit… Il faut que j’arrive avant l’obscurité totale. Le parcours est plus ou moins éclairé sur les 7 premiers kilomètres, mais les 7 suivants ne le sont pas du tout (surtout que c’est plus ou moins des chemins) …et je n’ai pas prévu de frontale.
C’est dans les 5 derniers kilomètres que je vais perdre mon chrono de 15h20. En effet il fait de plus en plus noir et la peur de me blesser grandit. Je vais donc baisser le rythme (qui n’était pas déjà très rapide) et assuré mes appuis avec prudence. Enfin le dernier kilomètre arrive, les larmes me montent aux yeux…ça y est je l’ai fait, je termine l’EmbrunMan, je vais réaliser mon rêve de gosse… 500m, les spectateurs portent tous les concurrents qui finissent, ça booste ! 200m, le tapis bleu se déroule, l’arche d’arrivée est à portée de vue. Que c’est bon !! J’ai des frissons. Je réajuste mon maillot. Attention, Attention…une olala des bénévoles, je ralentis, je profite, 10m, 5m, 2m…
Et là…Raphaël Quilliot, Finisher de l’EmbruMan 2018 !!!!!!! Je l’ai fait, je l’ai fini, je pleure…de joie, je suis heureux….
3800m de natation ce matin…188km de vélo et beaucoup de dénivelé et un marathon, finir par un marathon… le truc de fou ! Mais je l’ai fait !!!!!!! 15h26 pour terminer cette épreuve : ENORME. Et je suis d’autant plus content que je ne suis pas cassé ! (Ce qui se révèlera encore plus vrai, les jours suivants, car je n’ai pas eu vraiment mal aux jambes et plus de douleurs 3 jours après. Oui je n’ai peut-être pas forcé mais mon but était juste de finir cette épreuve mythique).
Pour finir, je n’oublie pas de saluer et remercier une organisation au top ! Avec un magnifique parcours, de super ravito et surtout des bénévoles géniaux.